Michel Dolbec
La Presse, mercredi 29 janvier 1992


Un film basé sur le drame du pont Jacques-Cartier primé à Tours

Treize ans après les terribles assassinats de deux adolescents au pont Jacques-Cartier, un film sur ce drame qui avait profondément choqué le Québec, a été primé au Festival international de Tours.

Le Pardon, le premier film d'un professeur de religion, Denis Boivin, a remporté le Prix de la presse décerné au meilleur grand reportage. Ce film de près d'un heure raconte le cheminement vers le pardon des parents d'une des victimes des "monstres du pont".

En 1979, Normand Guérin et Gilles Pimparé avaient froidement assassiné deux adolescents, Chantal Dupont et Maurice Marcel (sic), en les jetant du pont Jacques-Cartier après avoir violé la jeune fille.

Au départ, Denis Boivin voulait produire un reportage pour la télévision sur les parents de l'adolescente. En la préparant, il a constaté que les Dupont, des "catholiques convaincus", souhaitaient rencontrer les assassins de leur fille de 14 ans. Il a donc entrepris des démarches pour organiser cette rencontre au pénitencier de Port-Cartier.

Un seul des deux meurtriers, Normand Guérin, a accepté. Le face à face a finalement eu lieu en 1989. Devant la caméra, Guérin a "avoué son meurtre pour la première fois" et les parents de la petite Dupont lui ont pardonné son crime, au nom de l'idéal chrétien qui les anime.

Le Pardon contient aussi des interviews de la mère et du frère jumeau de Guérin et un entretien avec le père du jeune Maurice Marcel (sic), incapable pour sa part d'oublier.

Âgé de 36 ans, Claude Boivin (sic), qui a fait une maîtrise en théologie, est professeur de religion et de sexualité à Saint-Césaire, près de Rougemont. Jusqu'ici, il n'avait produit que des reportages vidéos pour la télévision, notamment sur les Anglicans du Québec.

Le réalisateur n'a pratiquement reçu aucune aide pour faire son film. "Je me suis endetté. J'y ai mis ma chemise, raconte-t-il. J'ai investi plus de 90 000$ et l'Office national du film environ 70 000$." Le succès de son film à Tours attirera peut-être les acheteurs. Pour l'instant, il est en discussions avec des télévisions britanniques et belges.

Le Pardon, qui n'avait jamais été montré à l’écran avant le Festival de Tours, doit être projeté au Rendez-vous du cinéma québécois qui s'ouvrent le 6 février à Montréal.

Denis Boivin a maintenant un autre projet. Il veut tourner un long métrage de fiction sur Marie de l'Incarnation, qui est née à Tours en 1599.

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